Tlemcen : une conférence présentée par Nadir Benmatti sur La bibliothèque d’Alexandrie, des siècles de lumières et de feux .
Il y a plus de 2300 ans,
des responsables de l’époque avaient considéré important de mettre en place et
de maintenir pendant des siècles un cadre de rencontres et de débats entre
érudits et savants mais aussi de conservation des documents malgré les faibles
possibilités de reproduction et de transcription, la diversité des langues et
signes utilisés et surtout l’adversité de ceux qui n’ont que des certitudes.
Le conférencier a indiqué
son contexte historique, histoire de l’écriture et de ses supports, de la
fondation de la bibliothèque, les grandes bibliothèques de l’Antiquité, une
présentation résumée d’Alexandre le Grand pour mettre en valeur le rôle de ce
grand conquérant dans la fondation de la ville d’Alexandrie. Son histoire est à
la fois brève et extraordinaire riche d’évènements. Elle relèverait du mythe,
si de nombreux documents n’avaient pas témoigné des aventures et réussites d’un
roi à vingt ans et décédé à trente-trois ans. Ensuite, il a situé de la
situation générale à différentes époques de
l’Alexandrie de – 331 à 642, avec
tous ses aspects de politiques, économiques, sociaux, culturels, les
principales personnalités des sciences et de la culture à l’époque de la
célèbre Bibliothèque : Aristote -384 à - 322 (le visionnaire), Onesicrite
d’Astypalée (compagnon d’Alexandre, philosophe de l’école de Diogène le
Cynique, excellent marin), Theophraste - 371 à - 288 (successeur d’Aristote),
Démétrios de Phalere -360 à - 282 (homme de réflexion et d’action), Straton de
Lampsaque - 338 à - 269 (le phusicien), Herophile -331 à -250 (le médecin
révolutionnaire), Citarque ( historien et compagnon d’Alexandre),
Euclide -325 à- 265 ( le mathématicien novateur), Zénodote d’Ephèse -320 à -240
(spécialiste des œuvres d’Homère), Timon de Philonte -"320 à - 230
(sceptique et cynique), Aristarquye de Samos -310 0 -230 (Astronome
visionnaire), Callimaque de Cyrène -305
à 240, ( rédacteur du premier catalogue raisonné de la littérature grecque)
Appolonios de Rhodes -295 à - 215 ( Poéte et grammairien ), Archimede -287 à -
212 5 la théorie mais aussi la pratique)
Conon de Samos -280 à - 220 ( Astronome de cour) Erasthene de Cyrène -276 à -
194 (un géographe inspiré), Aristophane de Byzance -257 à - 180 (Un grand
grammairien), Appolonios de Perge -262 à - 190, Aristarque de Samothrace -220 à
- 143, Aristarque de Samothrace -220 à 143 ( le critique des critiques)
Hipparque - 190 à - 120 ( le père de l'astrolabe), Hypsicles d'Alexandrie -180
à -120 (spécialiste du Zodiaque), Appolonius Eidographe le classificateur,
Strabon -64 à 21 (21 à 25) Géographe, Philon d'Alexandrie -20 à 45/54 le sage,
Plutarque 46 à 125 historien, Claude Ptolemee 90 à 168 un scientifique
éclectique, Lucien de Samosate, Heron d'Alexandrie, Claudius Galien 131 à 201
l'un des pères de la pharmacie, Valenbin (Valentinus), Diophante d'Alexandrie
vers 200 à vers 284 l'un des pères de l'Algèbre, Ammonios Saccas 185 à 254 philosophe fondateur de l'école
néoplatonicienne, Plotin 205 à 270 Philosophe néoplatonicien, Arius 256 à 236
philosophe et prêtre, Pappus d'Alexsandrie, Theon 335 à 405 mathématicien, père
d'Hypatie, Hypatie (l’immortelle) fille du célèbre mathématicien Théon
d'Alexandrie Hypatia (Hypatie ou Hipate) est né ,à Alexandrie vers 370.
Elle a été assassinée en 415 dans des
conditions horribles par des hordes fanatisées par des extrémistes, au nom de
la défense du Christianisme contre les Paîens et les polythéistes, car elle
elle ne s'est pas convertue et qu'elle aurait pris le parti d'Oreste. Cet acte
n'est pas isolé puisque deux décennies plus tôt, en 391, Théodose avait ordonné
la destruction de plusieurs lieux de cultures considérés comme hérétiques,
Synesius 370 à 415 Auteur des lettres à Hypatie, Jean Philopon 495 à 570 Jean
le grammairien (Yahia Al Nahwi)
Les directeurs de la bibliothèque d’Alexandrie : Démétrios de Phalère, Zenodote d’Éphèse responsable de - 282 à - 260 ou - 285, Grammairien il se consacre à l'oeuvre d’Homère, en -285 il est chargé par Ptolémée II de diriger la bibliothèque.Il montre de grandes qualités d'organisateur et de bibliothécaire, particulièrement en dressant un catalogue des documents disponibles.
Callimaque (Callimachus)
de Cyrène : responsable de 260 à - 240
il a établi le catalogue mais n'a probablement pas été directeur. Historien de
la littérature et grammairien, il compose des centaines d’œuvres ou le mythe et
la réalité se confondent. Il prend la succession de Zénodote d’Ephèse pour
diriger la bibliothèque. Il est l'auteur des Pinakes.
Eratosthene de Cyrene
responsable en -245. Est né et a étudié à Cyrène. Il se rend à Athènes pour
séjourner plusieurs années et fréquenter ds savants tels qu'Ariston de Chios.
Il rejoint Alexandrie comme élève de Callimaque et devient précepteur du futur
Ptolémée IV à la demande de son père Ptolémée III.
Appolinos de Rhodes
responsable de - 240 à - 230. Les argonautiques est une épopée qui constitue
son oeuvre principale. Il a pour maître Callimaque de Cyrène et comme référence
Homère. Il réside pendant quelques années à Rhodes ou il fonde une école de rhétorique.
Après son installation à Alexandrie, il est nommé directeur de la bibliothèque
par Ptolémée III en remplacement d'Eratosthène.
Aristophane de Byzance,
responsable de -195 à -180 est né à Byzance et rejoint Alexandrie pour ses
études. Il y rencontre Zénodote et Callimaque de Cyrène. Il étudie les œuvres
d'Homère et élabore un Lexique des termes peu utilisés. Il dirige la
bibliothèque en -195. Il est considéré comme l'un des grands grammairiens de
son époque pour son travail minutieux sur l'alphabet grec. Il présenta ses
critiques des Pinakes de Callimaque et, à ce titre, apporta sa contribution à
l'amélioration du répertoire des textes de la littérature grecque. Il est
l'initiateur de l'accentuation et de la ponctuation.
Appollonius d'Alexandrie
surnommé l'Eidographe, responsable de -180 à - 160 (le classificateur).
Aristarque (Aristarchus)
de Samothrace, responsable en - 153., né dans l'ile grecque de Samothrace. Il
s'installe à Alexandrie et suit l'enseignement d'Aristrophane de Byzance
Aristarque de Samothrace est un grammairien. Il est l'un des premiers à mener
une étude rigoureuse des textes d'Homère. En -153, il prendra la direction de
la Bibliothèque d'Alexandrie. Il s'associe à Aristophane de Byzance pour
l’élaboration d'un classement par ordre de mérite des oeuvres de littérature
grecque intitulé le canon alexandrin. Il se retira à Chypre et procéda à la
fondation d'une école de philologues qui prendra son nom après sa mort : les
aristarchiens. Il est remplacé par Cydas un lancier de profession sur ordre de
Ptolémée VIII, sans que cette nomination étonne, ne soit ni marquante ni de
longue durée.
Théon: dernier responsable
de la Bibliothèque d'Alexandrie. Il consacre ses travaux aux analyses,
commentaires et vulgarisation des textes des mathématiques helléniques. Ses
travaux sur les Eléments d'Euclide et sur l'Almageste de Ptolémée sont parmi
les plus importants qu'il entreprendra. Il a été nommé directeur de la
bibliothèque. Il sera le dernier à occuper cette fonction jusqu'en 391, date de
fermeture des lieux de culture païenne. Les savants arabes reprendront ses
tables astronomiques qui sont la preuve que les découvertes d'origine
babylonienne grâce aux savants d'Alexandrie, comme Théon, et aux savants de
différentes époques aboutiront aux progrès de l'époque moderne. Théon en plus d
ses travaux personnels aura été un passeur de connaissance.
Il a ajouté de l’organisation de la
bibliothèque, la disparition de la bibliothèque d’Alexandrie : les vérités, les
doutes et les instrumentations, avec ses différentes périodes de sa fondation,
la consolidation, la renaissance, les confrontations, les destructions
successives.
Nadir Benmati a souligné
que la nouvelle bibliothèque d’Alexandrie, la Bibliotheca Alexandrina est un
véritable trait d’union entre l’Antiquité et la modernité. Elle a été mise en
chantier en 1995 et la décision de sa réalisation a été prise officiellement le
12 octobre 1990 par plusieurs pays signataires de la Déclaration d’Assouan,
après des discussions préalables datant des années quatre-vingt. C’est un
projet international conduit conjointement par l’Unesco et l’Egypte. Son coût a
été de 220 millions de dollars environ, sans compter la valeur inestimable des
nombreux dons d’ouvrages et de manuscrits, parmi lesquels des œuvres célèbres,
émanant de plusieurs pays et d’institutions ou d’organisations nationales ou
internationales. Beaucoup de pays ont participé à son équipement en matériels
dans différents domaines. Elle a été inaugurée le 16 octobre 2002 sous le nom
de «Bibliotheca Alexandrina ».
Ses structures peuvent lui permettre de gérer
plus de cinq millions d’ouvrages, de recevoir jusqu’à deux millions de
visiteurs et d’organiser plusieurs manifestations permanentes ou temporaires.
Pour la conception de l’édifice, l’Unesco a organisé un concours remporté par de jeunes architectes norvégiens de l’agence « Snohetta » avec la collaboration de l’ingénieur égyptien Mamdouh Hamza.
Son architecture réussit à
concilier une apparence moderne avec l’environnement et son site. Elle est construite
en forme de disque comme un soleil incliné vers la mer. L’utilisation de
matériaux comme le verre et l’aluminium lui permet une lumière interne diffuse
et une vue panoramique sur la Méditerranée. L’édifice principal est entouré de
constructions diverses dont le mur de granit portant des écritures du monde
entier.
Conçue donc en s’inspirant
de son illustre ancêtre, elle a pour objectif essentiel de mettre à la
disposition des visiteurs des millions de documents mais aussi de proposer un
cadre d’information, de rencontre et d’échanges aux étudiants, aux professeurs,
aux chercheurs et à tous ceux qui s’intéressent à la Méditerranée et à sa
région.
Il a ajouté que la
bibliothèque a une organisation diversifiée et comprend une bibliothèque pouvant contenir des
millions de livres, six bibliothèques spécialisées, une des Arts et du
Multimédia, une Taha Hussein pour les non et malvoyants, une des enfants, une
bibliothèque des microformes, des livres rares et collections spéciales, un
centre pour l’Internet Archive.
Elle comprend aussi quatre musées : des
antiquités, des manuscrits, Sadate, de l’histoire et des sciences. Elle dispose
également d’un planétarium, d’un Alexploratorium, d’un panorama culturel, d’un
outil pratique de visualisation. Elle héberge aussi plusieurs expositions
permanentes. Elle comprend également quatre galeries d’expositions temporaires,
un centre de conférences pouvant abriter des milliers de personnes, treize
centres de recherche académique.
Ses activités ne cessent
pas de se multiplier et de se diversifier : le centre des études et des
programmes spécialisés envisage des rencontres entre scientifiques et
chercheurs dans différents domaines, le réseau arabe des femmes scientifiques
et ingénieurs. De même que le nombre d’institutions ne cesse d’augmenter et la
bibliothèque est devenue le centre névralgique de maints réseaux régionaux et
internationaux.
« Symboliquement, le monde
antique finit par la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie ;
symboliquement le XXème siècle s’achève avec la reconstruction de la
bibliothèque de Sarajevo ». Et tout aussi symboliquement, le XXème siècle
commence avec l’inauguration de la nouvelle bibliothèque d’Alexandrie en 2002 :
la Bibliotheca Alexandrina.
Le conférence ajoutera que
l’objectif de notre contribution n’est pas que le lecteur se rappelle des dates
et des multitudes événements ou des noms des différents acteurs, de cette
longue période de plusieurs siècles, mais qu’il prenne connaissance de cette
belle histoire de la bibliothèque d’Alexandrie, mythique et éternelle.
La Bibliothèque
d’Alexandrie a rayonné sur une partie de la Méditerranée
à partir du IIIème siècle avant notre ère et
pendant plus de sept siècles.
Son histoire est
fascinante et Nadir Benmatti lui a consacré deux livres.
Un débat s’est instauré mettant en lumière différents aspects de ce sujet, particulièrement concernant la disparition de cette institution qui a connu plus de sept siècles d’existence.
Gadiri Mohammed jeudi 22
mars 2018.
Biographie :
Nadir Benmatti ou Nadir
Benmaati est né à Constantine en Algérie en 1944. Il a été désigné ministre de
l'Habitat et de l'Urbanisme dans le Gouvernement de Kasdi Merbah le 9 novembre
1988[1].
Il fait ses études
primaires et secondaires dans sa ville natale et obtient un bac "Sciences
expérimentales". Il est issu d'une vieille famille Constantinoise. Il est
marié et père de deux enfants.
Ses études universitaires
se déroulent à l'Université d'Alger avec l'obtention d'une licence et d'un DES
es sciences économiques en 1969 et en 1971. Il effectue son Service national de
1969 à 1971. Il commence à travailler comme cadre dans une entreprise de
construction. Il accède à des postes de responsabilité dans cette grande
entreprise. En 1977 il est appelé au ministère de la Construction où il va
assurer des responsabilités de Directeur puis de directeur général jusqu'en
1988.
Il est nommé ministre de
l'Urbanisme et de la Construction entre 1988 et 1989 dans le Gouvernement de
Kasdi Merbah.
Sous son impulsion un
important programme de réalisation de logements sociaux est lancé. Il mettra en
place une commission d'attribution de ces logements visant à une meilleure justice
et à la transparence (Décret de 1989).
Il est professeur
d'économie urbaine à l'ENA d'Alger de 1980 à 1989 et auteur de deux essais
"Le Concept d'économies externes" en 1972 et "L'Habitat du
Tiers-Monde" en 1982. En 1978 il obtient un DES du CNAM à Paris et en 1980
il soutient avec succès un Doctorat d’État es sciences économiques à
l'université Paris 2, sous la conduite du professeur Jacques Austruy.
Sur le plan associatif il
est membre de l’» Union des sociologues et des économistes algériens" dont
il sera secrétaire général de 1982 à 1988.
- 2 décembre « La bibliothèque d’Alexandrie »
- 9 décembre « Les défis et les enjeux dans la région méditerranéenne ».
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