Le 05 décembre 1995 nous a quitté à jamais Si el Hocine Gadiri décédé à Oran ; ville de sa résidence et inhumé à Maghnia selon son vœux ; la Cité de son Militantisme.
Ses funérailles avaient
soulevé un engouement d’envergure national.
Né en 1919 à Khémis dans la vallée des Béni-Snous située aux versants des massifs montagneux des Djebel Lakhdar Asfour et Moutas et est issu d’un lignage doublement prestigieux: d’une mère Hadria de Tlemcen décédée tôt le laissant à l’âge d’adolescence et d’un père M’kadem, un chasseur passionné de Béni-Snous décédé en 1952 le laissant incarcéré à la prison française ; descendant d’un aïeul venu du sud d’Espagne ( Séville ) parmi les derniers andalous exilés vers l’année 1526 pour s’y installer à la cité antique d’Agadir de Tlemcen et pour cause de prélèvement de dîme imposé sur son atelier de tissage par des janissaires turcs estimé trop élevé vers le début des années 1700; un combat a été engagé suite auquel l’un de ses fils s’était allé s’installer à la Casbah d’Alger et l’autre à Beni-Snous wilaya de Tlemcen.
Le jeune Si El Hocine faisait ses premières classes coranique et primaire dans son village natal d'Ouled Moussa et avait été envoyé ensuite par ses parents à Tlemcen pour poursuivre ses études au sein d’une école de formation professionnelle ; il obtint le brevet de spécialité sur examens ayant eu lieu les 27 et 28 mai 1939 ; à ce titre et au nom du comité de (l'U.S.F. A) le président lui adressa toutes ses félicitations (article paru au journal français de l’époque).
C’était à Tlemcen que débute alors l’éclosion de son
éveil aux idéaux nationalistes en compagnie d’un groupe de jeunes entres autres
le lycéen Si Ahmed Benbella.
A l’issue de cette
double formation politique et professionnelle il était allé à la ville
frontalière d’Hadja Maghnia pour travailler comme comptable dans une
coopérative agricole spécialisée en céréales ; c’était ainsi qu’il avait
commencé à activer dans le Parti du Peuple Algérien et à le structurer dans toute
la région y compris Béni- Snous où les premiers militants vers la fin des
années 1930 étaient du même village que lui.
En tous les cas: Si Mohammed Kaou, Mohammed Berkani dit Mourad, Abdelkader Metaiche dit Commandant Djaber et autres… des Béni-snous ainsi que Si Ahmed Benbella, Mohammed Belkebir, Cheikh Mimoune Bouazza et autres… de Maghnia; devaient être les premiers militants de ce nouveau parti du PPA qui avait succédé à (ENA) crée par le père de la révolution Messali El-Hadj.
Les massacres du
08 mai 1945 et la dissolution du PPA constituaient un tournant majeur faisant
basculer ce groupe de militants qui allait activer dans la clandestinité; c’était ainsi que Si El-Hocine rejoignait avec Si Ahmed Benbella le MTLD =
PPA bis, pour être ensuite parmi les membres fondateurs de l’organisation sécrète(O.S) dont la préparation militaire et paramilitaire lui avait été
confiée au sein de cet organe.
Il fut alors arrêté
en 1950 avec un bon nombre de ses compagnons et était condamné à 05 ans de
travaux forcés dans les prisons de Tlemcen, à Chlef, puis à Serkadji d’Alger.
Libéré au début de l’année 1954 ; il renoue le lien avec Si Larbi Ben-Mhidi, Si Abdelhafid Boussouf ; pour participer aux derniers préparatifs à la
révolution.
La date du 15 octobre 1954
soit 15 jours avant le jour ( J ) restera Historique du moment qu’elle était
déterminante pour le déclenchement du 1er novembre 1954 dans toute L’ORANIE a
l’instar des autres régions du pays ; c’était ainsi qu’un groupe composé de Hocine Gadiri, Larbi Benmhidi, Abdelhafid Boussouf, Ben-Abdelmalek Ramdane, Abdelkader Metaiche dit Commandant Djaber, Ahmed Mestghanemi dit Commandant Rachid, le commandant Nasser… s’était
réuni au lieu-dit Téghanimet situé entre Maghnia et Béni Snous afin de
peaufiner les dernières retouches concernant le découpage territorial ; les
responsables en charges des Zones/Secteurs/cellules et les opérations à mener
la veille du 1er novembre 1954 (Témoignage du Moudjahid Med Kaou dit Bibi) ;à
ce titre les acteurs en charges d’interventions croyaient que le mois d’octobre
ne comptait que trente jours allaient
alors engager deux opérations armées aux lieux dits Mizab et Ahfir relevant respectivement des territoires des Béni Snous et Béni Hédiel un jour avant le signal convenu par les initiateurs
du déclenchement de la lutte armée (un témoignage du Moudjahid Mohamed Lemkami
dans son livre intitulé Les Hommes de l’Ombre) .
A peine deux mois
après le déclenchement de la lutte armée le trio Hocine Gadiri, Larbi Ben M'hidi , Boussouf et autres… fera l’objet de recherches par la DST française. Si El-Hocine rejoindra alors le Maroc à la ville côtière de Nador encore sous l’autorité
Espagnole ;NADOR était d’une importance capitale au vu de son statut administratif et son emplacement
stratégique. c’était à partir de là qu’il tissa des relations avec des Rifains Marocains, les Républicains Espagnols plus les Gauchistes Italiens qui ont
inconditionnellement aidé la révolution algérienne et renoua ses liens avec les
leaders du Front de Libération Nationale au Caire (Egypte) ainsi qu’avec le commandement de l’intérieur; à ce titre il excellera avec Abdelhafid Boussouf à installer le 1er (Poste de Commandement de l’Armée de Libération Nationale soutenu par l’A.L.M et a
approvisionner l’intérieur du pays en moyens logistiques; et c’était ainsi que les
premiers convois d’armements furent acheminés sous sa responsabilité à
l’intérieur du pays ; assisté dans sa mission par ses compagnons Taleb
Abdelwaheb, Chibane Amar, les Militants Rifains Marocains et réussit avec succès
l’arraisonnement de la cargaison d’armements du Bateau (DINA) en provenance
d’ALEXANDRIE (EGYPTE) avec à bord le Colonel HOUARI BOUMEDIENE et d’autres…
(Témoignage du moudjahid Ahmed Mestghanmi dit Commandant Rachid). L’autorité espagnole
le croyait qu’il s’agissait d’un Rifain Marocain l’arrêta pour trafic d’armes
et l’incarcéra durant six mois. Après de longs interrogatoires il bénéficiera
d’une grâce accordée par le régime Franco d'Espagne qui était en désaccord avec
la France sur la question du Rif Marocain
et sera libéré et réfugié à Tétouan et obtint alors tacitement un droit
de séjour a titre de réfugié politique. .
Dès lors que les luttes intestines resurgissent en surface afin d’accéder au pouvoir à l’ère d’une Algérie Indépendante,
Si El El-Hocine l’Homme au parcours complet comme en témoignent ses compagnons; se retire de toute activité politique et se consacre à sa famille et à son commerce jusqu’à la date du 05 décembre 1995 où il tire sa révérence.
Allah Yarrahmo avec les Chouhadas &Salihines.
Jamal Eddine 4 janvier 2014 ·
Si ELHOCINE GADIRI par Benyahia Lakhal le 20.06.2013.
« A plus d’un titre, Si El
Hocine Gadiri est une personnalité historique de la Révolution algérienne, la
plus emblématique », diront ses frères d’armes.
Mort le 5 décembre 1995 à
Oran, à l’âge de 76 ans, après avoir consacré toute sa vie pour que l’Algérie
soit libre et indépendante, le défunt moudjahid est la personnalité historique
émérite de la ville d’Oran. Sur un large panel d’Oranais, jeunes et moins
jeunes, interrogés sur l’itinéraire historique de Si El Hocine, rares sont ceux
qui le connaissaient.
Ce trio qui activait dans l’Oranie fut activement recherché par les services français de la DST. Deux mois après le déclenchement de la guerre de libération, Si El Hocine et Boussouf rejoignent la ville de Nador au Maroc, encore sous administration espagnole. Si El Hocine fut arrêté par le Royaume Chérifien pour activités clandestines et trafic d’armes, mais fut relaxé par le Roi Mohamed V et bénéficiera même de l’asile politique. Son sens diplomatique, subtil et visionnaire, lui valut de se voir confier par le bureau central du FLN le rôle de liaison avec le Palais chérifien ainsi qu’avec les leaders du FLN installés au Caire, en plus de la mission de l’acheminement de l’armement…Si El Hocine s’était lié d’amitié avec les Républicains espagnols et les gauchistes italiens qui avaient inconditionnellement aidé la Révolution algérienne, considérée comme l’émancipatrice des pays du tiers monde….
Il sera désigné par Abdelhafid Boussouf, délégué officiel du FLN avec le Roi Mohamed V, pour régler les différends et les litiges entre l’armée royale et celle de l’ALN sur les frontières. Il fut un brillant négociateur et parvint à persuader le Roi sur différentes questions. En 1956, il est nommé membre du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA). Il occupera ensuite plusieurs portefeuilles ministériels dans les GPRA I et II. En 1962, il prendra parti avec son ami de toujours, Ben Bella. Après le « redressement révolutionnaire » du 19 juin 1965, il se retire de toute activité politique et se consacre à sa famille. Si El Hocine, l’homme au parcours complet, comme l’appellent, les moudjahiddine, ses frères, est mort dans l’anonymat. Les Oranais méconnaissent la carrière révolutionnaire de ce moudjahid de la première heure…
Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika qui a beaucoup vécu avec Si El Hocine Gadiri, a honoré son camarade d’armes, juste après son élection en 1999, du « Wissam El Athir », une décoration posthume pour un homme viscéralement algérien. » (Fin de citation.)
Ce texte est, à vrai dire, un article de presse, parmi ceux nombreux publiés à l’occasion de l’anniversaire du décès de Si El Hocine Gadiri. J’ai pris la liberté de le reproduire dans le but de faire connaitre cette personnalité à nos amis lecteurs. Ca me semble, aussi, être une opportunité bénie pour évoquer son parcours militant et s’incliner devant sa mémoire et prier Dieu, dans Sa grande miséricorde, de l’accueillir dans Son Vaste Paradis. Mais pas seulement cela.
Car enfin pourquoi vous
entretenir, aujourd’hui, de ce monument ? Et dans cet article dédié à l’annonce
du décès de Placide Llepez. Tout simplement parce que Si El Hocine Gadiri et
Placide Llepez étaient liés par une amitié solide comme du roc. Forgée dans les
moments difficiles et les épreuves qu’ils durent affronter. Ils avaient les
mêmes comportements, et partageaient les mêmes valeurs. Mansuétude, modestie,
don de soi.
Et donc si Si El Hocine
Gadiri avait su que ce rond- de- cuir de la wilaya d’Oran avait dépossédé son
ami de sa station-service-gagne-pain, il lui aurait fait avaler ses vertèbres
cervicales et une fois sa digestion terminée, il l’aurait fait défiler tout nu
le long de la rue Larbi Ben M’hidi (ex d’Arzew) sous les vivats des Oranais
désabusés par les agissements indélicats de ce roitelet minable.
Placide n’a jamais voulu
utiliser ce levier. Parce que c’est comme ça : ne pas déranger (sic), ne pas
soulever de vagues, ne pas se mettre au centre d’un scandale qui aurait fait
imploser la nomenklatura locale.
Quant à la perte de sa
maison de Télagh et une fois l’affaire éventée, je l’ai supplié de me laisser
rétablir cette bourde de l’Administration, très certainement leurrée par les
turpitudes de ses agents.
La cession à autrui de son
bien l’a été en vertu d’un acte administratif qui aurait pu être abrogé par un
autre acte administratif s’il avait estimé nécessaire d’introduire un recours.
Ou dans l’alternative la plus défavorable, en cas de silence de
l’Administration, par une décision de justice. J’étais encore en exercice et de
là où j’étais, nous aurions pu parvenir aisément à le remettre en possession de
son bien. Que nenni ! « Tu n’en feras rien, et puis je te l’interdis, tu
m’entends, je te l’interdis ! » Sentence sans appel. Probablement pour ne pas
heurter son prétendu ami et le laisser savourer à l’envi son statut de
propriétaire. Un ami ça ? toz et retoz ! Quelqu’un, Honoré de Balzac je crois,
avait dit à peu près ceci : » Quand on observe la nature, on y découvre les
plaisanteries d’une ironie supérieure : elle a, par exemple, placé les crapauds
à côté des fleurs « . Mais, diantre, comment se fait-il que Balzac n’ait pas
jugé utile de nous faire remarquer que cette même nature a épargné à ces
fleurs, ces nénuphars et ces lotus la corvée d’avoir à répondre aux coassements
des batraciens ? Lui, Placide le savait et il avait choisi de se taire et de
s’en remettre à Dieu.
Cette « démonstration »
que je me suis efforcé de présenter avec toute l’honnêteté qu’exige le respect dû
à un disparu ;
Je l’ai voulue pour dire et convaincre mes amis Ghalem Bouchentouf, Al Hanif, Christian Vezon et citoyen que mon frère Placide n’avait pas été spolié par l’Etat Algérien mais avait été victime de son indulgence et des inconséquences de voyous agissant à titre isolé.
L’Etat, par contre, aurait pu, au moins, répondre à sa demande d’acquisition de la nationalité algérienne. Au lieu de s’enfermer dans un silence terrible qui a fini par l’emporter. Paix à son âme.
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